Georges Kesses est un navigateur grec qui a fait le voyage jusqu'à Marseille aux côtés du Belem pour l'arrivée de la flamme Olympique. Son voyage, digne d'une épopée, nous a particulièrement marqués. Découvrez comment il a réussi à atteindre Marseille malgré ses péripéties lors de cette traversée épique.
Présentation par Georges Panayiotou, représentant de la Chambre de Commerce et d’Industrie Hellénique de Marseille
Lorsque Nikos Gemelos, Adjoint au Maire du Pirée en charge des sport, qui est était à Marseille lors de la venue de la flamme olympique nous a demande d’accueillir Monsieur Kesse, un navigateur grec qui a fait le voyage avec le Belem depuis la Grèce, ce n’était pas seulement un honneur, mais aussi une obligation en tant que grecs marseillais, d’accueillir Monsieur Kesse qui a voyagé avec son bateau le Pythéas, nous n’avons pas hésité une seule seconde avant d’accepter de l’accueillir. Je lui donne la parole pour qu’il vous explique comment et pourquoi il a fait ce voyage à Marseille et en passant par de nombreux pays.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur vous ?
Comme vous pouvez le voir sur mon site internet, j’ai grandi depuis petit à côté de la mer, j’ai eu la chance d’avoir des professeurs qui m’ont fait aimer la navigation. Ma vie est liée à la navigation et à la mer. Voici en ce qui concerne ma passion pour la mer et la navigation. Mais pour mon voyage, il s’agit d’une décision qui s’est prise à la suite de l’idée de la France qui a choisi de faire parvenir la flamme olympique pour la deuxième fois de l’histoire par la mer.
Comment avez-vous pris la décision d’accompagner la flamme olympique ?
En tant que citoyen du Pirée, une ville jumelée avec Marseille, mais aussi en tant que citoyen grec, j’ai pensé qu’il serait intéressant qu’un bateau grec accompagne la flamme dans la cité fondée par les Phocéens.
J’ai une passion pour l’Histoire. C’est un sentiment très différent car les grecs qui vivent dans ces villes là sont témoins des nouvelles découvertes archéologiques, qui montrent la suite historique de l’endroit où il vit. Pour moi, qui suis particulièrement intéressé par l’Histoire, marcher dans les pas où il y a 2600 ans, les premiers habitants grecs fondateurs de la ville ont marché, c’est un sentiment totalement différent. Les grecs qui habitent cette ville sont des témoins directs des découvertes archéologiques en lien avec les premiers grecs et qui montrent une continuité historique de l’histoire de la ville dans laquelle il vit. Pour moi, qui suis personnellement intéressé par l’Histoire, il est important pour moi de comprendre comment se sent un grec qui se trouve dans un lieu qui était grec à l’origine.
Comment avez-vous vécu ce voyage ?
Ce voyage a commencé en suivant le programme des Jeux Olympiques de la France. Le bateau a été acheté assez rapidement en novembre, toutes les préparations ont été faites avec l’aide d’une dizaine de personnes et j’en suis reconnaissant. Et enfin, ma préparation personnelle pour ce voyage seul, qui n’est pas facile lorsque l’on doit gérer la mer.
Voulez-vous nous en dire un peu plus sur cette aventure ? Qu’avez-vous ressenti ?
C’était un peu compliqué, surtout à cause des conditions météo. La météo m’a mis des battons dans les roues. J’ai rencontré des conditions vraiment mauvaises, en particulier en arrivant vers l"Italie. Cela a ralenti mon voyage, avec un risque de danger très important. Mais heureusement, j’ai réussi à atteindre Marseille.
Le voyage ne m’a absolument pas semblé solitaire. J’ai reçu tellement de soutien, de messages de la part de mes compatriotes, en Grèce et à l’étranger, j’ai eu vraiment un bel accueil dans les ports où j’ai pu m’arrêter, à Naples, à Regio Calabria, de partout. C’était vraiment un voyage où les gens qui me soutenaient sont devenus mon équipage, ils m’encourageaient, priaient avec moi. Les difficultés m’ont malheureusement menées à une grande tempête à Thiella, dans la Mer de Thirinis, où j’ai passé 3 jours sans pouvoir dormir avec des conditions climatiques de 9 bophores, c’était vraiment quelque chose que je n’avais jamais vécu. Mais après avoir surpassé cela, tout va bien, tu apprends à surpasser les limites de toi-même.
Avez-vous pu découvrir le côté historique de Marseille ? La civilisation qu’ont apporté les grecs, les monuments antiques, etc.
Nous avons pu visiter quelques monuments et nous allons continuer les visites.
Pourquoi avoir choisi de nommer votre bateau Pythéas ?
J’avais une raison particulière à l’appeler ainsi. Tout d’abord, le voyage, il a été acheté pour faire ce voyage. Il fallait que je donne ce nom en particulier pour rendre honneur à la ville.
A Marseille, nous avons la rue Pythéas, une statue Pythéas.
Pythéas est un grand navigateur, je pense qu’il devrait être plus enseigné dans les manuels scolaires car les voyages qu’il a entrepris avec un grand autre navigateur grec qui est connu ici Euthimenes, ont permis de grandes découvertes pour la navigation et les découvertes. Il ne faut surtout pas oublier l’importance de ces personnes.
En ce qui concerne la question sur le fait d’avoir voyagé seul, que l’on me pose beaucoup, il y a 2 000 ans et plus, on voyageait seulement avec des rames ou des voiles, et on a réussi à arriver ici. Donc la question en ce qui me concerne semble dérisoire.
C’est la première fois que vous participer à une inauguration des Jeux Olympiques ?
Dans la navigation, j’ai déjà participé à des épreuves. En ce qui concerne les Jeux Olympiques, c’est la première fois, comme c’est la première fois que je participe à un voyage aussi long et seul. Mais puisque j’ai réussi à atteindre ma destination, je suis particulièrement content.
Qu’avez-vous ressenti en arrivant à Marseille, une ville qui ressemble à d’autres ports de la Grèce ?
Je suis arrivé à Marseille très tôt le matin et j’ai reçu un accueil que je n’oublierai jamais de la part de Georges, je ne l’oublierai jamais, non seulement émouvante, mais inoubliable et je les remercie.
Vous venez de la ville du Pirée, que pensez-vous des victoires récentes de l’Olympiakos ?
Une petite précision ici, même si je viens du Pirée, ma famille a fondé la petite équipe de l’Ethnikos Piraias et nous avons grandi avec ces racines. Mais le fait que l’Olympiakos soit arrivé si loin, je suis fier en tant que grec. Je suis vraiment fier que ce soit au basket ou au foot de chaque réussite grecque. C’est très important pour notre pays d’avoir des réussites.
Ce voyage a vraiment été impressionnant et respectable, quel est votre prochain objectif ?
Mon premier rêve était de faire le tour de la Méditεrranée, d’arriver jusqu’à Gibraltar en passant par l’ancienne ville grecque antique Theoussa, pour ensuite rejoindre l’Atlantique. Ce voyage aurait été une découverte des anciennes colonies grecques de Méditérranée. En faisant ce voyage il est question de se découvrir et de tester ses limites. Et en pensant à un prochain voyage du Pirée à Kastellorizo, du Pirée à Alexandrie, pour pouvoir tester un long voyage, les français ont eu l’idée de transporter la flamme, et c’était pour moi une manière de m’entraîner à un voyage. J’espère pouvoir réaliser ce rêve, mais même si je n’y arrive pas, ce n’est pas grave, j’aurais accompli ce voyage là.
Pour terminer, nous pouvons affirmer que vous avez trouvé votre Ithaque, en Marseille ?
Oui, en faisant ce voyage, c’est devenu Marseille. Et j’ai écrit il y a quelques jours quand je suis arrivé en Sardaigne et que j’ai eu à affronter la tempête, que je ne pourrais probablement pas avoir le temps de rentrer à Marseille avec le Belem mais que je n’arrêterai pas avant d’avoir atteint Marseille. Donc Marseille est devenue mon Ithaque et j’ai atteint mon objectif. Ma prochaine Ithaque sera le Pirée !
Nous vous remercions pour votre temps et nous vous souhaitons un excellent voyage !
Je vous remercie et je voudrais remercier en particulier les membres de la Chambre de Commerce grecque à Marseille pour tout ce qu’ils ont fait et vous aussi.
Notre émotion avec l’arrivée de Giorgos était encore plus grande que celle des Jeux Olympiques et de la flamme.