Entretien exclusif avec le maire de Limassol : un consensus écologique et urbain aux deux villes

A l’occasion de la venue de monsieur Giannis Armeftis, maire de Limassol à Marseille, l’équipe de Kalimera Massalia a pu échanger sur des sujets d’écologie, sociétaux et urbains communs aux deux villes. Nous le remercions d’avoir trouver un moment à nous accorder malgré un emploi du temps très chargé.

Voici la retranscription de cet échange.

Non, j'avais déjà eu l’occasion de venir en 2016 en tant que conseiller municipal. Nous avions alors tenté de renforcer les liens entre les deux villes, d’échanger.  

Nous sommes ici de nouveau car il y a beaucoup de sujets qui nous unissent. Marseille et Limassol participent par exemple à la mission européenne des 100 villes intelligentes et climatiquement neutres d'ici à 2030. Nous avons ce but ambitieux commun de réduire la pollution jusqu’à 75%. 

Nous avons eu un programme très rempli. Nous avons vu la maire adjointe de Marseille. Nous avons rencontré la métropole concernant les transports en commun. Nous avons pris le tram, c'est un sujet qui nous intéresse. 

Nous avons aussi pu rencontrer la direction du port maritime qui nous a expliqué comment ils ont pu développer le cold ironing. Il s'agit de la gestion des bateaux amarrés à quai dont les moteurs sont coupés mais dont les besoins énergétiques continuent d'être couverts. Cela contribue énormément à la diminution de la pollution dans la ville. 

Je considère que Limassol a besoin d’un masterplan pour devenir plus fonctionnelle, plus écologique et surtout pour pouvoir répondre aux défis actuels concernant le changement climatique. A Limassol le problème majeur reste le problème de la circulation et des embouteillages. C’est un problème qui affecte des milliers de nos concitoyens. Il n’est plus envisageable qu’une métropole comme Limassol avec ses 150 000 habitants intra-muros et ses 150 000 habitants en périphérie, ait des problèmes de gestion de la circulation comme si on était une ville ayant des millions d’habitants.  C’est un problème qui s’explique par la dépendance à la voiture. Selon les enquêtes menées, 93% des déplacements dans la ville se font en voiture. Les déplacements en transports en commun et avec d’autres moyens comme le vélo sont moindres voire nuls. 

Notre venue à Marseille nous permet aussi d’avoir un retour d'expérience, il s’agit d’une approche globale, voir comment faire cette transition avec la création de moyens de transport fiables et adaptés. Il faut acquérir la compétence, étudier la question de savoir si la mise en place d’un tram serait réalisable. Nous constatons que des villes européennes moins peuplées que Limassol ont des moyens de transports développés comme le tramway. 

Le tram donne aussi la possibilité de faire des interventions urbaines, d’enlever les voitures, de créer de nouveaux espaces publics de qualité. De plus, notre programme comprend de relier les quartiers avec des artères piétonnes et des pistes cyclables de manière à promouvoir la micro-mobilité dans ces mêmes quartiers et à inciter l’utilisation des vélos, des trottinettes etc. Il faut apprendre à marcher dans la ville, cela permet aussi de la découvrir sous un angle nouveau. C’est aussi un moyen de créer une ville plus verte. On nous a  expliqué ici à Marseille que l’une des idées reçues c’est qu’une ville littorale n’a pas besoin d’espaces verts, cette idée reçue est aussi valable pour Limassol. 

A Marseille, la proximité avec les montagnes et la campagne accentue cette idée. Je me rends compte que c’est également le cas pour Limassol.

L'importance d’avoir une ville avec des espaces verts est désormais évidente, elle renforce les déplacements en créant un environnement sécurisé et agréable. Lorsque l’on demande aux habitants de Limassol l'endroit où ils aiment se promener, la plupart répond qu’il s’agit de la jetée du bord de mer qui a une accès sécurisé, des espaces verts, des pistes cyclables. 

La conclusion à tirer de cette réponse est que les infrastructures créent des comportements. Il nous faut donc créer des espaces sécurisés pour que les habitants de Limassol changent leur comportement et évitent de se déplacer systématiquement en voiture. 

Marcher pour aller à la rencontre de ses amis, ses voisins, aller à l’épicerie du quartier.

Je considère qu’avec les infrastructures adéquates le comportement des habitants de Limassol va changer dans le bon sens. 

Ce sont deux villes portuaires. La présence de la mer rythme toujours le quotidien de la population. Ce sont deux villes multiculturelles. Bon nous constatons aussi des problèmes communs, sans parler des problèmes de circulation. (rires)

Les marseillais sont ouverts, chaleureux. Nous nous sommes promenés le long du Vieux-Port et avons constaté un espace vivant et dynamique. Les personnes qui vivent proches de la mer sont différentes, la mer influence notre psychisme, habiter dans une ville littorale et d’autant plus dans une ville bordée par la Méditerranée nous unis, c’est notre histoire et notre héritage commun. 

Ils se peut qu’avec Marseille nous ayons beaucoup de points communs, cependant chaque ville a sa particularité. Limassol offre d’abord des plages dans la ville, les distances sont rapprochées, c’est une ville vivante, animée, active aussi d’un point de vue culturel . Nous avions il y a une semaine la fête du vin où il y a eu énormément de passage, nous aurons en février le carnaval et l’été nous pouvons profiter de nos plages qui sont propres. 

Je rappelle aussi que certaines épreuves des Jeux Olympiques ont eu lieu à Marseille, c’est ici que Pavlos Kontidis a gagné sa médaille d’argent. Cette victoire constitue aussi une belle raison pour les marseillais de visiter Limassol.