Notre équipe a eu la chance de rencontrer Nikos Gemelos, en collaboration avec la Chambre de Commerce et d’Industrie Hellénique de Marseille, représentée par Georges Panagiotou.
Qui est Nikos Gemelos ?
Nikos Gemelos vient du Pirée, un endroit qui ressemble fortement à Marseille, car en plus d’être un port, on y trouve une passion pour son équipe, l’Olympiakos. Il est entraîneur de natation de l'Olympiakos depuis 30 ans et a remporté 25 médailles de bronze. En décembre 2014, il a été nommé meilleur entraîneur de l'année en Grèce par le PSAT (ASSOCIATION SPORTIVE PANHELLÉNIQUE-ΠΑΝΕΛΛΗΝΙΟΣ ΣΥΝΔΕΣΜΟΣ ΑΘΛΗΤΙΚΟΥ ΤΥΠΟΥ).
En 2014, il a occupé le poste de vice-président d’O.P.A.N (ORGANISATION sur la CULTURE SPORTIVE ET JEUNESSE - ΟΡΓΑΝΙΣΜΟΣ ΠΟΛΙΤΙΣΜΟΥ - ΑΘΛΗΣΗΣ & ΝΕΟΛΑΙΑΣ). Il est professeur à la Faculté des sciences d’éducation physique et des sports de l’Université Kapodistrian d’Athènes.
Il est conseiller du maire du Pirée pour tout ce qui concerne le sport.
Nikos Gemelos
Georges Panagiotou
Vassilis P.Bokos : Secrétaire Géneral de la Municipalité d'Athènes
Georges Panagiotou : représentant de la Chambre de Commerce et d’Industrie Hellénique de Marseille
Nikos Gemelos : Adjoint au Maire chargé des sports au Pirée
Notre interview exclusive
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis Adjoint au Maire chargé des sports au Pirée. Je suis né au Pirée, je viens d’un Port comme vous. J’ai étudié au TEFAA d’Athènes (Université d'Éducation Physique et des Sciences du Sport), où j’enseigne actuellement. Je m’occupe des cours de natation. J’ai été entraîneur de natation pendant environ 20 ans. Une de mes grandes réussites a été la seule médaille qu’a gagnée la Grèce dans le domaine de la natation sur 10 km, durant les Jeux Olympiques de Rio. J’ai participé à 5 Jeux Olympiques. Je suis entraîneur à l’équipe d’Olympiakos depuis de nombreuses années. Je suis un ancien athlète, nageur à l’Olympiakos depuis 1972. Et je suis à l’Olympiakos en tant qu’athlète et entraîneur.
Que pensez-vous de l’arrivée de la flamme du port du Pirée à celui de Marseille, fondé par les grecs ?
Le Pirée est une ville portuaire, semblable à Marseille et nos deux villes sont jumelées. Le plus important est que l’histoire nous rassemble toujours, et on la regarde du bon côté. Quel est le bon côté ? Ce n’est pas à nous de dire que les grecs sont les meilleurs de l’histoire. Mais les sujets communs qui nous lient tous, la flamme, les deux ports et tout le reste, c’est pour moi ce qu’il y a de plus important.
Lorsque le Belem a quitté le port du Pirée, nous avons débuté une nouvelle olympiade. Les JO auront lieu fin juillet début août ici. Il faut savoir que l’on essaie de promouvoir des éléments historiques, comme vous devriez aussi le faire à Marseille. En 1856, Loukas Ralli, le maire du Pirée avait eu l’accord pour les premiers JO modernes avec 5 compétitions, lorsque le port était sous occupation anglaise et française. Nous célébrons cet événement depuis l’année dernière grâce à la compétition Pireas Jump, à laquelle a participé le meilleur athlète actuel en Grèce, Miltos Tentoglou. C’est une compétition Silver continental de l'IAAF. Et nous faisons également chaque année une célébration pour les premiers JO de 1896. Les compétitions de natation se sont déroulées au Pirée et celles de vélo ont eu lieu à Neo Faliro, à Passalimani, les compétitions de natation avec le premier médaillé olympique, la première protestation politique des JO et le record des spectateurs à Plateia Alexandras. Donc, les éléments historiques de Marseille peuvent tout à fait être reliés à ceux du Pirée et d’autres villes, pour mettre en avant le sport.
Et en tant que conseiller à la mairie, avez-vous pu assister à une évolution du sport ?
Cela concerne non seulement l’aspect politique, mais aussi sportif. Mon travail, c’est le sport. Les entraîneurs comme nous ont du travail grâce aux nouveaux jeunes qui viennent s’entraîner à la natation. C’est comme vous qui avez ici la famille Manaudou.
Les pays qui possèdent un certain budget ont les infrastructures nécessaires pour entraîner les athlètes. C’est notre différence avec la France. Le sport ce n’est pas seulement de trouver un bon athlète, mais c’est d’avoir les moyens de l’entraîner. En général, les associations sportives aident à atteindre cet objectif.
La culture de chaque pays n’aide-t-elle pas à atteindre cet objectif ?
Oui en effet, et celle de la France est meilleure qu’en Grèce, en ce qui concerne le sport.
Et en ce qui concerne le foot ?
Le foot est différent car c’est une alliance entre plusieurs nationalités, comme au basket aussi. Mais en ce qui concerne les équipes nationales, nous avons un réel problème car il n’y a pas assez de moyens pour entraîner les sportifs.
J’apprécie la France en général, j’ai passé presque 400 jours dans les montagnes de Font-Romeu, j’y vais souvent ces dernières années. C’est mon endroit préféré pour les entraînements. Nous passons par Barcelone pour rejoindre les Pyrénées françaises et les 1890 mètres d’altitude. La France a construit ce centre en 1968 pour les Jeux Olympiques du Mexique, pour acclimater ses athlètes à l’altitude et les préparer à celle du Mexique. C’est ce que je voulais expliquer lorsque je parlais de l’importance des moyens financiers dans le domaine du sport.
Bien entendu, au Pirée, comme à Marseille, nous avons la mer. Votre aéroport est grand, vous pouvez construire des centres sportifs, et développer le tourisme du sport. Tout en collaborant et en prenant en compte votre origine grecque, nous pourrions travailler ensemble sur des événements sportifs. Le sport rassemble et le tourisme sportif apporte beaucoup à une ville.
Que pensez-vous du coût environnemental des Jeux Olympiques ?
En ce qui concerne le coût environnemental, il y a un fleuve à Paris, la Seine, où l’on souhaite organiser certaines épreuves des Jeux Olympiques, comme le triathlon ou encore la nage en eau libre. Vous ne pensez pas que c’est une belle occasion de trouver un moyen de nettoyer nos fleuves ou la mer ? C’est une belle occasion d’apporter à notre économie sans pour autant porter préjudice à notre environnement. C’est-à-dire qu’en organisant les Jeux Olympiques, il ne faut pas seulement penser à l’argent nécessaire, il faut aussi prendre en compte la joie des gens, de nos athlètes.
Si on prend le problème dans l’autre sens : « pourquoi on devrait faire les Jeux Olympiques ? Cela coûte cher, il faut prendre en compte le coût environnemental, le problème du nombre d’athlètes, de spectateurs dans les villages olympiques ». Donc c’est une occasion de trouver un moyen de régler tous ces problèmes. Et je pense que chacun d’entre nous peut apporter quelque chose pour améliorer la situation, et encore plus, ceux qui nous dirigent. Et c’est pour cette raison que je disais hier à mon ami Georges, que je pense que les gens qui se lancent dans la politique devraient être des personnes qui excellent dans leur domaine, par exemple le bon boulanger devrait se lancer dans la politique, le bon primeur, athlète devraient se lancer dans la politique, le bon professeur. Je crois en ces personnes pour faire la différence, à cet âge où il faut le dire, nos capacités physiques évoluent. Moi j’ai par exemple 56 ans, je n’ai pas la même condition physique qu’avant.
Donc il est important d’apporter nos connaissances, grâce à nos expériences, de changer certaines choses que notre génération n’a pas réussi à faire, car notre génération a commis beaucoup d’erreurs, pour que vous puissiez faire la différence, parce que ce sont vos idées qui vont pouvoir créer ce changement, cette évolution.
Encore une question d'un point de vue politique...
Quel est mon parti politique ? L'Olympiakos !
Durant l’antiquité, nous avions la trêve olympique, un moment de paix pour les événements sportifs. Aujourd’hui, de nombreux pays sont en guerre, que pensez-vous de tout cela ?
Si on prend la flamme olympique d’un point de vue historique, nous devons la voir comme une union pour la paix. Car tout ce qui se passe dans le monde est horrible, au Moyen-Orient et en Ukraine. Tous ces problèmes auraient pu être réglés autrement. Mais tous ensemble, on peut faire la différence. Maintenant est-ce que la trêve olympique arrêtera les guerres ? C’est aux politiciens de prendre ces décisions. C’est affligeant de voir toutes ces images à la télévision. Et pour tous ces problèmes, c’est la faute de notre génération malheureusement. C’est donc aux futures générations de faire mieux.
On dit que dans le sport, l’important c’est de participer, que pensez-vous de cela ?
Le plus important dans le sport c’est de se distinguer. Bien sûr, le voyage est important, se retrouver dans le village olympique tout ça. Mais je vais parler de façon personnelle, en 2012, mon athlète s’est retrouvé à la quatrième place…une très beau voyage sans aucune médaille…Mais c’était un bel entraînement pour la médaille de Rio. Donc, il faut toujours trouver le bon côté des choses, même dans les moments négatifs, dans tout ce que l’on vit.Le sport c’est la pureté de la distinction, tu veux simplement être meilleur que les autres, sans pensées négatives. Dans mon domaine, il s’agit simplement de nager d’un côté à un autre.
Nous sommes une ville de sport, tout comme le Pirée, avez-vous remarqué d'autres points communs ?
Tout comme vous avez l'Olympique de Marseille, nous avons l'Olympiakos. Ce serait intéressant de collaborer dans le domaine du sport. Le Pirée est une ville magnifique, qui me fait beaucoup penser à Marseille, notamment dans la manière de conduire, de stationner etc. Peut-être que nous avons amené cette mentalité avec les premiers grecs venus ici !
Pour terminer, connaissez-vous quelques mots en français ?
Oui, il s’agit de mots que m’a appris ma mère, qui est professeur de français : « Voici, voilà, comme-ci, comme-ça, tu veux ou tu veux pas ?»
« Ceci est un début, nous avons beaucoup de projets à partager avec vous », a affirmé Georges Panayiotou à la fin de l’interview.
Nous remercions infiniment Nikos Gemelos et Georges Panayiotou pour cette interview, qui nous a permis d'établir un lien entre nos deux villes. C'est tout l'objectif de Kalimera Massalia, préserver le lien entre la Grèce et la France, grâce à des valeurs communes, comme celles du sport, qui unit.
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